samedi 2 juin 2007

L'Atelier de Montmirat



C'était une première et nous sommes tous ravis de cet échange d'ateliers pour nous retrouver à Montmirat, chez Dominique et Myriam, pour l'étape décisive de la coulée...

Tout le monde est là: Dominique et Myriam bien sur, Alain, les deux photographes Laurent et Sendrine qui se rencontrent pour la première fois, un tourneur sculpteur américain, sa femme, et nous mêmes, les apprentis stagiaires futures professionnelles des Métiers de l'Art! (!)


A notre arrivée les travaux ont déjà commencé:


Certes l'atelier est un peu vide, car nos deux globe trotters en ont vendu une partie pour financer leur périple de dix mois, mais l'essentiel est là - four à creuset et four à moules - de quoi nous occuper durant cette journée qui s'annonce riche d'enseignements!

Tout commence par le vidage des moules grâce à la technique de la cire perdue, technique vieille comme le monde qui consiste à chauffer le moule (ici au chalumeau) pour faire fondre la cire évacuée par les tiges de coulées et qui laissera son empreinte à l'intérieur du moule pour y recevoir le bronze en fusion. Notez que rien ne se perd et que la cire récupérée servira à bien d'autres modelages après avoir été filtrée.





Une fois les coques entièrement vides, il convient de les cuir dans un four à 800°C pour les rendre réfractaires et qu'elles puissent supporter de très hautes températures comme celle du bronze en fusion qui atteint pas moins de 1 200°C!



les différents moules sont calés dans un amas de bûches de bois minutieusement organisé.




Une précaution supplémentaire à également été apporté à certains moules, les plus gros d'entre eux, qui ont été féraillé pour les rendre plus résistant encore à la coulée: tels des bétons armés, ils ont été renforcés à l'aide de tiges de fer intégrées à l'une des couches argileuses, de même qu'à l'extérieur de la coque grâce à un fil de fer plus fin adhérant au moule à l'aide de barbotine, une couche d'argile très fine.




Les choses se déroulant pour le moins normalement, Dominique continue de nous expliquer les aspects tant techniques que physiques liés à la fusion de métaux, le tout en gardant un oeil sur le bronze qui chauffe depuis bientôt une heure dans son four à creuset de confection artisanale. Son mode de fabrication nous a même été dévoilé, en voici d'ailleurs les éléments principaux pour les férus de fonderie qui se reconnaîtreront (Salut Papi!):

vérification de la température du bronze à l'aide du ringard, s'il ne reste pas collé à la tige c'est qu'il est à bonne température.
1) SE PROCURER UN BIDON,

2) DES BRIQUES BLANCHES REFRACTAIRES pour "tapisser" l'intérieur du bidon,
3) UN BRULEUR QUI VIENDRA ALIMENTER LE FOUR EN PROPANE par le fond,
4) DE LA LAINE DE SILICE POUR L'ISOLATION ET RECOUVRIR LE FOUR.












LA COULEE DU BRONZE



Enfin nous y sommes, le bronze est arrivé à l'état de fusion et il est temps d'installer l'ensemble des moules pour la coulée. Tout doit être précisément à sa place, la coulée ne prend que quelques secondes et ne laisse pas de place à l'approximation!


... Savez vous d'ailleurs qu'une supersitition à la peaux dure sévit chez les fondeurs du monde entier interdisant aux femmes en périodes menstruelles d'assister à la coulée, ces dernières favorisant apparemment les accidents...Alors pouvoirs mystiques ou supercherie? Ici personne ne s'y ai risqué Dominique et Myriam ayant déjà vérifié par eux même cette hypothèse qui c'est malheureusement justifiée, mais rassurez vous il n'y pas eu de grands bléssés, juste une grosse frayeur!


Mais revenons à la fusion du jour et une astuce pour nettoyer le bronze en fusion de toutes les scorilles qui flottent à la surface ( petites particules étrangères): casser un verre de table et le "jeter" dans la fusion, il formera une couche protectrice figeant les particules qui pourra être retirées à l'aide du ringard...Malin!




Installation des moules dans une brouette remplie de sable de silicium permettant à la fois de les bloquer, d'éviter les éclaboussures de bronze en fusion tombées à côté du moule et donc de le figer pour récupération et utilisation ultérieure.











Sortie du creuset et installation dans la chaise avant la coulée du bronze


Bon ben voilà, comme on a tous bien travailler ce matin, nous avons décidé d'aller nous restaurer un petit peu avant la deuxième coulée... Dans un esprit bon enfant tout le monde à cuisiner un petit plat à partager avec les autres, résultat un repas pantagruélique qui a ravi nos amis américains et qui a conforté notre french réputation de parfaits gourmets. ( arrosé de petits vins comme il faut bien sur!)

Ces petits repas, toujours fort appréciables, sont aussi l'occasion de nourrir de nombreuses discussions autour des Métiers de l'Art et des questions qui nous taraudent dans ce projet: qu'elles concernent la matière ou la communauté artistique...



...mais aussi et sans oublier la rigolade !



DEUXIEME COULEE ET DEMOULAGE DES COQUES













Myriam et Alain travaillant le bronze brut de fondu pour le dégager des restes du moules , c'est le décochage.

Prochaines étapes: ébarbage, limage, polissage et patinage!